Les résultats de plus d’une décennie de tests de performance Internet (TPI) de CIRA sont éloquents : les connexions au Canada sont beaucoup plus rapides qu’en 2015, mais le fossé entre les régions rurales et urbaines n’a pas disparu.
Utilisez les indicateurs de vitesse interactifs à gauche pour découvrir les vitesses moyennes (médianes) de téléchargement et de téléversement par année à travers le pays. Il s’agit d’un résumé de tous les tests effectués sur la plateforme TPI chaque année civile.
Des vitesses plus rapides, surtout depuis 2021
- Téléchargement : en 2015, les vitesses de téléchargement médianes au Canada étaient légèrement inférieures à 12 Mbit/s. En 2024, elles avaient atteint 92 Mbit/s. Les progrès ont stagné pendant plusieurs années, puis ont bondi à partir de 2021.
- Téléversement : d’abord mesuré à moins de 3 Mbit/s, le débit médian des téléversements a grimpé à 26,6 Mbit/s en 2024.
- Les vitesses de téléchargement ont dépassé l’objectif de 50 Mbit/s fixé par le CRTC en 2022, tandis que celles pour le téléversement ont franchi la barre des 10 Mbps en 2023, répondant ainsi à la norme canadienne en matière de large bande souvent appelée « 50/10 ».
Pourquoi les vitesses augmentent-elles, surtout après 2021?
- Les fournisseurs de services Internet et d’autres entreprises de télécommunications, de câblodistribution et de téléphonie ont investi massivement dans leurs infrastructures réseau, de sorte que les clients ont accès à des réseaux plus performants et plus fiables.
- Investissement public
- Brancher pour innover (2016) – 500 M$ pour les réseaux fédérateurs ruraux à fibre optique.
- Fonds pour la large bande du CRTC (2019) – 752 M$ pour les mises à niveau de réseaux de fibre optique et sans fil dans 290 communautés.
- Fonds pour la large bande universelle (2020) – 3,2 milliards de dollars pour faire passer le taux de couverture 50/10 à 98 % de la population canadienne d’ici 2026 (et les 2 % restants d’ici 2030).
- Nouvelles technologies : des satellites à orbite terrestre basse (Low Earth Orbit, LEO) ont été lancés à l’échelle nationale en 2021, offrant aux exploitations agricoles et aux hameaux du nord une nouvelle option à haut débit. À peu près au même moment, l’Internet fixe sans fil 5G à domicile, avec des débits pouvant atteindre 500 Mbit/s, a fait son apparition dans les petites villes, en commençant par la côte est.
- Modèles communautaires et de capital-investissement : des réseaux municipaux et autochtones, soutenus par des subventions, ont commencé à construire conjointement des infrastructures. Des rendements stables, similaires à ceux des services publics, associés à des financements publics, ont attiré des opérations de capital-investissement. Grâce aux subventions Net Good de CIRA, des initiatives communautaires de petite taille ont pu être lancées.
Cela signifie-t-il que chaque Canadien·ne a maintenant accès à un service Internet rapide et fiable? La situation s’est améliorée, mais ce n’est pas encore tout à fait le cas.
Les indicateurs de vitesse ci-dessus indiquent la vitesse moyenne nationale globale de téléchargement et de téléversement chaque année. Le graphique ci-dessous sépare les données des tests en vitesses moyennes urbaines et rurales afin de visualiser l’écart entre les deux. Malgré ces progrès, les données de 2024 montrent toujours que les utilisateur·rices en milieu urbain disposent d’une vitesse de téléchargement environ deux fois supérieure et d’une vitesse de téléversement plus de trois fois supérieure à celles des utilisateur·rices en milieu rural. En d’autres termes, l’écart s’est réduit, mais n’a pas disparu.
Les coûts élevés au kilomètre, la faible densité de population et le relief accidenté rendent la construction d’infrastructures difficile. Et si des technologies telles que les satellites LEO permettent de combler les distances, le coût du matériel reste un obstacle pour les ménages à faibles revenus.
Le gouvernement a fixé à 2030 la date butoir à laquelle toute la population canadienne devra avoir accès à des infrastructures qui respectent les cibles de l’objectif de service universel. Des provinces comme l’Ontario ont même devancé ce calendrier en procédant à leurs propres investissements. Allons-nous y parvenir? Et que faut-il faire pour atteindre ces objectifs?
Pour y parvenir, les partenaires gouvernementaux, industriels et de la société civile doivent travailler ensemble!
- Compléter la carte : selon le CRTC, environ 5 % des foyers canadiens, principalement situés dans le Grand Nord et dans certaines zones rurales, n’ont toujours pas accès à des services offrant un débit de 50/10. Il est essentiel de cibler les endroits les plus difficiles d’accès avec des installations de transport par fibre optique, des installations fixes sans fil améliorées ou des installations LEO subventionnées, car une seule technologie ne peut résoudre le problème à elle seule.
- Au-delà de la cible 50/10 : de nombreux foyers regardent désormais des vidéos en diffusion en continu, jouent à des jeux vidéo et travaillent à distance sur plusieurs appareils. Pour certains, la cible 50/10 suffit; pour d’autres, les débits symétriques de l’ordre du gigabit constituent désormais la nouvelle norme. La flexibilité devrait guider les politiques futures.
- Surveiller et publier : des outils tels que le TPI permettent aux décideurs politiques de vérifier concrètement si les fonds dépensés se traduisent par des améliorations dans la vie quotidienne. La publication continue de données ouvertes (comme cet article de blogue!) et votre participation aux tests permettent à chacun de rendre des comptes.
Depuis dix ans, l’Internet au Canada est indéniablement plus rapide et plus performant. Le défi pour la prochaine décennie consiste à faire en sorte que chacun·e puisse profiter de ces avancées, quel que soit l’endroit où il/elle se trouve.
Cet article est le deuxième d’une série en cinq parties célébrant les dix ans du TPI. Dans nos prochains articles, nous continuerons d’explorer les tendances en matière de large bande, de mettre en lumière les réussites des communautés et d’examiner l’avenir de la mesure de l’Internet au Canada.
Jeff est le responsable du programme de test de performance Internet (TPI). Le TPI est le test de qualité Internet le plus avancé au Canada qui offre un accès public aux résultats de performance. Jeff est un ardent défenseur de la manière dont les données, cartes et rapports du TPI peuvent aider les parties prenantes à identifier les zones à accès limité, à améliorer les décisions de financement, à évaluer le succès des projets financés et à le faire avec un degré élevé de granularité géographique.