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Souveraineté des données : Ce que vous devez savoir et pourquoi ces renseignements sont importants

Lorsque vous utilisez l'Internet, avez-vous conscience des renseignements que vous partagez? C'est pourquoi il est important que vous en sachiez plus sur la souveraineté des données.
Par Jacques Latour
Dirigeant principal des technologies

Lorsque vous utilisez l’Internet, avez-vous conscience des renseignements que vous partagez? C’est pourquoi il est important que vous en sachiez plus sur la souveraineté des données.

Les activités quotidiennes de la population canadienne moyenne comprennent une visite sur l’Internet. Nous lisons nos courriels, visitons nos médias sociaux préférés, faisons du magasinage en ligne ou vérifions les conditions météorologiques. Nombre d’entre nous utilisent aussi l’Internet pour le travail ou l’école.

Par contre, plusieurs Canadiennes et Canadiens ne savent peut-être pas que lorsqu’ils se retrouvent en ligne, sauvegardent un dossier dans un nuage ou envoient un courriel, ils mettent leurs renseignements personnels en péril.

La plupart des Canadiennes et des Canadiens passent de trois à quatre heures en ligne chaque jour. L’Internet occupe une grande place dans nos vies et de plus en plus d’appareils peuvent y être connectés, des thermostats aux systèmes comme Google Home ou Amazon Echo pour la maison, ce qui rend cette réalité de plus en plus incontournable.

Lorsque vous utilisez l’Internet, avez-vous conscience des renseignements que vous partagez? Pensez-vous à l’information que vous envoyez hors de la compétence du Canada, qui peut être interceptée par des services de surveillance à l’étranger?

C’est pourquoi il est important que vous en sachiez plus sur la souveraineté des données.

Avant de fournir des explications précises sur la souveraineté des données, passons en revue les risques que vous courez par l’entremise d’une courte leçon sur les métadonnées.

Les grandes lignes des métadonnées

Les métadonnées comprennent les données en mouvement (qui circulent dans l’Internet) et les données inactives (qui sont mémorisées dans un lecteur de disque dur ou un nuage). Cela peut vous donner une bonne idée par rapport aux données, même s’il ne s’agit pas d’un tableau complet.

Les métadonnées comprennent des renseignements comme votre nom, les dates des communications, la taille des fichiers, toute modification aux données, le destinataire des données, etc. Même si une personne qui consulte les métadonnées d’un courriel ne peut pas lire le contenu, elle peut tout de même obtenir votre nom, le destinataire, la taille du message, la date d’envoi et d’autres renseignements, comme l’objet.

Imaginez maintenant ce que ces métadonnées peuvent représenter lorsqu’elles sont conjuguées à d’autres métadonnées. On peut voir le nombre de messages que vous avez envoyés à un destinataire précis, la taille des fichiers que vous transférez et la fréquence des correspondances. On peut aussi ajouter des métadonnées sur les sites que vous avez visités sur le Web et même ceux que le destinataire a visités. L’histoire qui prend forme peut en dire beaucoup sur vous, selon votre activité en ligne.

Pour les données inactives, les enjeux sont encore plus grands. Elles sont mémorisées et peuvent être consultées, lues et interprétées. Une cible facile.

L’apport de la souveraineté des données

La souveraineté des données signifie que les données numériques sont soumises aux lois du pays où elles se trouvent. Les données mémorisées au Canada sont régies par le droit canadien relatif au respect de la vie privée, de même que les données qui circulent à l’intérieur de nos frontières. Lorsque les données quittent le Canada, elles sont assujetties aux autres lois nationales.

Aux États-Unis, par exemple, la population canadienne n’a aucun droit relatif au respect de la vie privée. Nous savons qu’une partie des données canadiennes se dirigent vers le sud en raison de notre infrastructure Internet et de la façon dont nous naviguons sur le Web.

Cette migration est logique dans certaines situations (si votre destinataire se trouve aux États-Unis), mais l’est beaucoup moins pour des données destinées à demeurer à l’intérieur de nos frontières. Le courriel que vous envoyez à votre voisin à Montréal ou Halifax pourrait passer par Chicago ou New York. C’est ce qu’on appelle un long détour.

Pour ce qui est des données mémorisées, de nombreux services infonuagiques sont établis aux États-Unis et si vous les utilisez, vos données sont à la merci des regards curieux.

Plus la souveraineté des données est grande au Canada, mieux la population sera protégée par le droit canadien relatif au respect de la vie privée et moins nous aurons à nous fier à l’infrastructure Web américaine.

Imaginons une cyberattaque majeure aux États-Unis – une attaque tellement importante que les frontières, virtuelles et réelles, sont fermées. Toutes les données sauvegardées dans un nuage américain sont maintenant inaccessibles.

Au Canada, nous établissons lentement la souveraineté de nos données, ce qui est une bonne nouvelle. Onze points d’échange Internet sont maintenant en fonction pour garantir que tous ceux qui les utilisent, y compris les fournisseurs d’accès Internet, les fournisseurs de contenu et les entreprises, peuvent échanger des données de façon directe, en les gardant au Canada.

De plus en plus de services infonuagiques sont offerts au Canada et j’espère que leur croissance sera rapide, afin que la population canadienne puisse trier profit de cette option capitale de stockage de données.

Je ne crois pas que toutes les données vont demeurer au Canada. Nous utilisons l’infrastructure Internet de nos voisins du sud parce qu’elle est efficace : le transfert des données est rapide et les géants la technologie comme Apple, Microsoft et Google se trouvent aux États-Unis. De plus, toutes les données ne sont pas destinées à demeurer au Canada.

Par contre, si la logique le veut, les entreprises, les fournisseurs d’accès Internet et les fournisseurs de contenu doivent investir dans l’amélioration de la souveraineté des données canadiennes. Si nous voulons bâtir un meilleur Canada en ligne, où la population peut tirer profit des avantages économiques, sociaux et culturels offerts par l’Internet, c’est un investissement important.

À propos de l’auteur
Jacques Latour

En tant qu’expert de la conception de solutions de pointe en matière de TI, Jacques a établi CIRA à titre de leader mondial parmi les registres de domaines (ccTLD). Il possède plus de 25 ans d’expérience dans les secteurs privé et sans but lucratif et, à titre de dirigeant principal des technologies à CIRA, il dirige actuellement les Labos, plaque tournante de l’innovation à CIRA, et assure le leadership et la direction de la gestion et de la sécurité du registre .CA et de son DNS sous-jacent.

Visionnaire de la communauté d’Internet, Jacques a dirigé l’élaboration du test de performance Internet de CIRA, est un ardent défenseur de l’adoption de l’IPv6 et représente le registre .CA sur le plan international en qualité de membre de divers groupes de travail et groupes consultatifs. Il participe à l’élaboration d’une nouvelle architecture canadienne d’Internet. Il a agi comme catalyseur pour la création d’une association nationale canadienne des IXP, CA-IX, et il siège au conseil d’administration du Manitoba Internet Exchange (MBIX) et du DNS-OARC. Jacques siège aussi au comité consultatif pour la sécurité et la stabilité de l’ICANN.

Jacques est diplômé à titre de technologue en génie électronique après des études au Collègue Algonquin. Il a également suivi avec succès les formations certifiantes ITIL (v3) Foundation et Agile ScrumMaster.

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