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Les habitudes en ligne adoptées par les Canadien·ne·s pendant le confinement dû à la pandémie sont en voie de se stabiliser

Par Georgia Evans

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Chaque année, CIRA commande un sondage annuel explorant la façon dont les Canadien·ne·s utilisent l’Internet et publie les informations dans une nouvelle édition du Dossier documentaire sur Internet au Canada. Cette année, CIRA publie une série d’articles de blogues basés sur les constatations du sondage du Dossier documentaire sur Internet au Canada 2023. Le blogue qui suit est le troisième des quatre de la série.

L’Internet a été une véritable bouée de sauvetage pour les Canadien·ne·s aux prises avec une pandémie mondiale dévastatrice depuis plus de trois ans, bouleversant le cours de leur vie. Sans nos connexions Internet à domicile, nous n’aurions pas pu nous adapter si vite aux restrictions sans précédent que les gouvernements ont dû mettre en place pour tenter de ralentir la propagation de ce nouveau virus que la science médicale peinait à cerner.

C’est devenu une histoire que tout le monde ne connaît que trop bien. Du jour au lendemain, nos vies ont changé. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de faire migrer les activités du quotidien qui s’étaient toujours déroulées en personne pour aller travailler, apprendre et socialiser sur Internet. S’entraîner, faire son épicerie, consulter son médecin : tout s’est fait en ligne. Ceux d’entre nous qui avaient la possibilité de travailler à domicile se sont installés autant que possible dans un coin tranquille et ont fait de leur mieux pour composer avec cette nouvelle situation. Dans l’impossibilité de se rendre à l’école, nos enfants ont dû s’installer devant l’appareil, ouvrir une session et effectuer le difficile passage à l’apprentissage en ligne.

Les plateformes de diffusion en continu comme Netflix, Crave et Amazon Prime ont connu un grand essor, puisque beaucoup de gens comptaient sur ces services pour tuer le temps alors qu’ils étaient confinés chez eux. Pendant ce temps, la popularité des jeux vidéo en ligne et des vidéoconférences entre ami·e·s et en famille atteignait de nouveaux sommets.

Qu’en est-il des innombrables autres façons dont les gens sont devenus tributaires d’une connectivité constante?  Toutes ces habitudes en ligne nées de la pandémie sont-elles maintenant si profondément ancrées qu’elles le sont pour de bon? Le temps passé en ligne est resté relativement stable depuis 2020, mais il a atteint son sommet en 2021, alors que 55 % d’entre nous déclaraient passer plus de 5 heures en ligne chaque jour. Après une légère baisse à 54 % en 2022, ce chiffre est tombé à 50 % dans le sondage du Dossier documentaire de cette année.

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une baisse importante, il y a là une tendance à surveiller. En effet, l’on constate une volonté grandissante chez les Canadien·ne·s de se déconnecter complètement d’Internet, que ce soit pour quelques heures ou pour quelques jours. Au cours des 12 derniers mois, la probabilité que les Canadien·ne·s interrompent leurs activités sur l’Internet pendant au moins une journée a été de 54 %, alors qu’en 2022, elle était de 41 %. C’est un bond considérable.

Dix-neuf pour cent de la population canadienne ont affirmé avoir fait une pause d’une journée, alors que 18 % se sont déconnectés pendant deux ou trois jours. Dans les régions, c’est au Manitoba que les gens étaient les plus susceptibles de prendre une pause plus longue, 27 % d’entre eux affirmant s’être déconnectés pendant deux ou trois jours, alors que la moyenne provinciale est de 18 %. Les deux raisons les plus fréquemment citées par les Canadien·ne·s pour se déconnecter temporairement d’Internet sont la volonté d’éviter de perdre du temps (48 %) et le désir de se détendre (41 %). Parmi les autres raisons les plus courantes l’on retrouve se ressourcer (31 %), se concentrer sur les relations en personne (29 %) et améliorer le sommeil (28 %).

De prime abord, les achats en ligne pourraient sembler être un secteur où les habitudes de consommation établies pendant la pandémie sont susceptibles de perdurer, mais les chiffres disent le contraire. Selon une étude de Statistique Canada, le commerce électronique a connu une forte augmentation au début de la pandémie et a atteint son pic en 2021. Il connaît un recul depuis la mi-2022, la majeure partie des restrictions gouvernementales imposées aux commerces de détail ayant été définitivement levées à cette date.

Cette étude concorde avec les constatations de notre sondage de 2023, dans lequel 72 % d’entre nous déclarent préférer faire des achats dans les commerces traditionnels plutôt qu’en ligne, contre seulement 62 % en 2022.

Et qu’en est-il de l’autre pilier de la vie de pandémie, la diffusion vidéo en continu? Cette activité reste très populaire au Canada puisque 72 % d’entre nous déclarent passer au moins une heure par jour à regarder des émissions et des films en ligne, soit une légère baisse par rapport aux 75 % de 2022. Ces chiffres montrent toutefois que notre enthousiasme pour les plateformes payantes de diffusion en continu commence peut-être à s’émousser. Netflix, par exemple, demeure le principal fournisseur de contenu en ligne par abonnement, mais les abonnements ont baissé de 10 % entre 2022 (61 %) et 2023 (51 %).

Les énormes répercussions de la pandémie sur la vie des Canadien·ne·s ont eu une incidence majeure sur la façon dont nous utilisons Internet aujourd’hui. Malgré notre dépendance accrue et continue, les constatations du Dossier documentaire 2023 indiquent que les Canadien·ne·s adoptent dans l’ensemble une perspective plus équilibrée de la place d’Internet dans leur vie, et agissent de manière à tirer parti de ses avantages tout en faisant preuve de modération pour limiter les aspects nocifs.

À propos de l’auteur
Georgia Evans

Georgia est une analyste des politiques et de la représentation pour son deuxième stage coopératif à CIRA. Elle est une étudiante de quatrième année de l’Université Carleton qui poursuit des études en affaires publiques et en gestion des politiques. Elle est très passionnée par la gouvernance d’Internet et la politique numérique.

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