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  • Cybersécurité

Appuyer sur le commutateur – Le réseau des IPX du Canada

Le moment est venu d'inciter plus d'institutions canadiennes à « appuyer sur le commutateur » et à se joindre au réseau grandissant des IXP.
Par Jacques Latour
Dirigeant principal des technologies

Le moment est venu d’inciter plus d’institutions canadiennes à « appuyer sur le commutateur » et à se joindre au réseau grandissant des IXP.

Il y a longtemps que l’ACEI plaide pour l’établissement et la croissance de l’infrastructure d’échange Internet du Canada. Rendre Internet plus économique, rapide et résilient au bénéfice des internautes canadiens constitue le but que poursuit ainsi l’organisme. L’heure est venue de faire en sorte que les gouvernements, les entreprises, les fournisseurs de contenu, les prestataires de services, les compagnies de jeux et d’autres entités soient plus nombreux à « appuyer sur le commutateur » et de se joindre au réseau croissant des points d’échange Internet (IXP). Au bout du compte, cela donnerait lieu à un Internet plus robuste pour toutes les Canadiennes et tous les Canadiens.

Comment les données voyagent

Internet, nous l’utilisons tous. Plusieurs d’entre nous ne réalisent pas la trajectoire que prennent les quantités faramineuses de données qui circulent lorsque nous utilisons un moteur de recherche, transmettons un courriel ou déposons nos déclarations de revenus. Bien des gens seront surpris d’apprendre qu’une bonne part de leurs données doit voyager en suivant d’étroites voies du nord au sud qui, fréquemment, passent par Chicago ou New York avant de parcourir péniblement le chemin du retour jusqu’au Canada. Cela signifie qu’une Canadienne ou un Canadien en quête d’information locale au cours de ses recherches de tous les jours dépendra, en fait, de serveurs informatiques étrangers pour l’obtention d’une réponse à sa requête.

C’est génial que les données puissent traverser les frontières sans encombre lorsqu’il le faut. Mais les entités canadiennes n’ont plus besoin de compter inutilement sur la transmission de données locales par des voies internationales. L’existence de cette infrastructure nous ramène aux premiers jours d’Internet alors que nous comptions sur celle basée aux États-Unis. Ces voies sont étroites, sujettes à des engorgements et coûteuses. Il est fréquent qu’elles obligent les données canadiennes à effectuer des allers-retours transfrontaliers redondants. Heureusement, à présent, le Canada dispose de sa propre infrastructure Internet dont nous pourrions mieux tirer avantage. Grâce au réseau d’IXP (points d’échange Internet) canadiens, les fournisseurs de contenu, le public et les entreprises privées ont la possibilité de s’interconnecter localement. Les échanges locaux de données sont moins coûteux et plus rapides. En cas de cyberattaques provenant de l’extérieur du Canada, ils assurent la continuité du service. Cela signifie que les communautés canadiennes sont en mesure de chercher et d’échanger des données sans dépendre de l’infrastructure des premiers jours basée aux États-Unis – nous disposons à présent de notre propre environnement connecté autonome.

Les IXP canadiens – Pour la circulation intérieure des données

L’efficacité et la résilience propres aux IXP du Canada ainsi que l’utilité de l’interconnexion locale ne sont pas toujours claires pour les Canadiennes et les Canadiens. L’autre jour, en jasant avec une amie qui ne se prétend pas « calée » en technologies, je me suis surpris à lui servir l’argumentaire habituel au sujet des avantages de l’appairage local. Cherchant un comparatif qu’elle pourrait saisir, elle a rapproché le concept des voyages aériens et celui des IXP.

« Oui! me suis-je exclamé. C’est exactement ça. »

Si je me trouve à Ottawa et que je dois me rendre à Vancouver, la façon la plus rapide et sécuritaire de me déplacer du point A au B serait un vol intérieur direct. Dans certains cas, une courte escale à Toronto ou à Calgary peut être nécessaire en cours de route. Mais je n’ai aucune raison de sortir du pays et de faire la file aux douanes, et encore moins de me soumettre aux lois internationales.

Quand il est question de la transmission de données Internet, le topo est exactement le même. Puisque l’ACEI échange du trafic aux IXP canadiens, nos données peuvent voyager directement d’une ville canadienne à une autre. Elles peuvent aussi circuler grâce à d’autres qui échangent du trafic au sein d’une même ville. C’est ainsi que nos données restent au pays et ne se retrouvent pas embourbées ou dépendantes de ces voies internationales de transit coûteuses.

Mais parfois, comme grand voyageur, il peut me convenir de voyager d’Ottawa à Copenhague ou d’Ottawa à Rio. À ces occasions, il est logique de passer par des plaques tournantes internationales telles que Chicago ou Miami pour parvenir à ma destination. C’est parfait! Pour vos données, l’appairage à des IXP canadiennes peut aussi être utile dans ce cas. De fait, l’appairage local améliore également l’expérience de transit à l’international. C’est que les IXP sont en connexion directe avec plusieurs fournisseurs internationaux de contenu de premier plan (des réseaux de diffusion de contenu) qui nous l’acheminent localement. Plutôt que de vous envoler jusqu’à Seattle pour télécharger les mises à jour de Microsoft, elles vous sont accessibles à Montréal même, à un jet de pierre. Au Canada, les grands réseaux de diffusion de contenu sont Google, Akamai, Cloudflare, Amazon et autres.

Grâce aux IXP canadiens, les données voyagent mieux 

Les données qui transitent plus directement entre des utilisatrices et des utilisateurs en passant par des plaques tournantes locales par l’entremise du réseau des IXP canadiens se déplacent plus rapidement et à moindre coût que lorsqu’elles empruntent les voies traditionnelles. C’est sans compter qu’elles sont mieux protégées des attaques. Alors que des IXP sont maintenant établis dans sept villes canadiennes, nous disposons vraiment d’une infrastructure d’échange Internet à l’échelle nationale. Les entreprises qui échangent le trafic localement n’ont plus à envoyer leurs données à Chicago ou à New York pour transmettre une requête dans leur ville ou ailleurs au Canada. Deux entreprises connectées au même IXP canadien sont en mesure d’échanger rapidement par l’entremise d’une seule ou de plusieurs plaques tournantes Internet nationales.

Le réseau d’IXP du Canada vous attend

Vancouver, Calgary, Edmonton, ManitobaToronto, Ottawa, Montréal et Halifax disposent de leur propre IXP. L’infrastructure d’IXP du Canada en a fait du chemin depuis l’établissement du Toronto Internet Exchange (TorIX) en 1998, suivi de celui d’Ottawa (OttIX), deux ans plus tard.

Bien vrai, il suffit d’appuyer sur le commutateur pour intégrer votre entreprise à l’infrastructure nationale d’Internet du Canada. Les avantages d’y voir sont clairs. Le trafic voyage localement, en toute sécurité et rapidement, sans dépendre d’une quelconque infrastructure étrangère. S’il n’a pas à traverser les frontières, ses déplacements sont plus courts, ce qui réduit la latence.

Il est aussi plus résilient. Garder le trafic Internet au pays signifie qu’en cas de cyberattaque provenant de l’extérieur du Canada, les entreprises canadiennes sont en mesure de poursuivre leurs activités sur Internet et leur messagerie électronique. Il n’est pas uniquement question de continuité des opérations. Cette infrastructure fait aussi en sorte qu’Internet au Canada compte parmi les plus robustes dans le monde.

En évitant, dans la mesure du possible, les voies de transit internationales coûteuses pour la transmission locale de données, les coûts s’en trouvent considérablement diminués. Se connecter à un IXP canadien est beaucoup plus économique que le recours aux voies traditionnelles de transit. Dans certains cas, la connexion à votre IXP local est gratuite.

Si vous représentez un gouvernement, des entreprises, un fournisseur de contenu ou un prestataire de service, communiquez avec votre IXP canadien local pour découvrir comment il ne tient qu’à vous d’« appuyer sur le commutateur ».

À propos de l’auteur
Jacques Latour

En tant qu’expert de la conception de solutions de pointe en matière de TI, Jacques a établi CIRA à titre de leader mondial parmi les registres de domaines (ccTLD). Il possède plus de 25 ans d’expérience dans les secteurs privé et sans but lucratif et, à titre de dirigeant principal des technologies à CIRA, il dirige actuellement les Labos, plaque tournante de l’innovation à CIRA, et assure le leadership et la direction de la gestion et de la sécurité du registre .CA et de son DNS sous-jacent.

Visionnaire de la communauté d’Internet, Jacques a dirigé l’élaboration du test de performance Internet de CIRA, est un ardent défenseur de l’adoption de l’IPv6 et représente le registre .CA sur le plan international en qualité de membre de divers groupes de travail et groupes consultatifs. Il participe à l’élaboration d’une nouvelle architecture canadienne d’Internet. Il a agi comme catalyseur pour la création d’une association nationale canadienne des IXP, CA-IX, et il siège au conseil d’administration du Manitoba Internet Exchange (MBIX) et du DNS-OARC. Jacques siège aussi au comité consultatif pour la sécurité et la stabilité de l’ICANN.

Jacques est diplômé à titre de technologue en génie électronique après des études au Collègue Algonquin. Il a également suivi avec succès les formations certifiantes ITIL (v3) Foundation et Agile ScrumMaster.

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