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La confiance des Canadiens en l’Internet menace de s’effriter

Par Byron Holland
Président et chef de la direction

De nouvelles données de sondage montrent un fort soutien aux lois visant à protéger les internautes canadiens

Le Forum canadien sur la gouvernance de l’Internet débutera le mardi 6 juillet à 13 h 30. ET avec un débat intitulé Le gouvernement du Canada soutient-il toujours l’Internet ouvert? mettant en vedette le Dr Michael Geist (Université d’Ottawa), Daniel Bernhard (FRIENDS of Canadian Broadcasting), Laura Tribe (OpenMedia) et Janet Yale (présidente du panel BTLR). Inscrivez-vous ici.

En cette année de pandémie marquée par les perturbations, la peur et la tragédie, l’Internet s’est avéré indispensable.  Nous vivons désormais en bonne partie en ligne. C’est là, derrière nos écrans, que nous connectons avec notre famille et nos amis, que nous commandons à manger, que nous allons en classe et que nous menons nos affaires. 

La dépendance des Canadiens à l’Internet s’est accrue, et avec elle leurs préoccupations quant à ses côtés plus sombres.  C’est compréhensible, alors qu’ils lisent les gros titres sur la fermeture d’un pipeline énergétique américain essentiel à cause d’une cyberattaque, ou qu’ils entendent parler d’une importante entreprise de laboratoire biomédical frappée par une violation de données.

Dans ce climat, les conclusions du dernier rapport de l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI), Attitudes des Canadiens sur les enjeux relatifs à l’Internet, constituent un apport important à la conversation.

Le rapport présente les données d’un sondage exclusif qui livrent un message percutant :  les Canadiens sont sérieusement inquiets et espèrent que les décideurs interviendront.  Leurs priorités sont nuancées et réfléchies, appelant à l’action tout en faisant preuve d’un scepticisme raisonnable vis-à-vis d’une réglementation excessive. 

Plus particulièrement, les Canadiens s’inquiètent de la protection de leurs renseignements privés en ligne, et 77 % d’entre eux appuient l’idée de doter le Commissariat à la protection de la vie privée de nouveaux pouvoirs pour protéger leurs données personnelles — une disposition clé du projet de loi C-11 présentement à l’étude.

Cette législation a été éclipsée par le tollé suscité par le projet de loi C-10 et les allégations selon lesquelles le gouvernement propose de réglementer les vidéos des utilisateurs de YouTube et TikTok.  Les législateurs devraient tenir compte des sensibilités des Canadiens, consulter des experts sur les insuffisances potentielles du C-11 et faire adopter une version convenablement remaniée.

Alors même que notre organisme de réglementation des communications, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), demande l’avis du public sur de nouvelles mesures de protection contre les acteurs malveillants en ligne, notre sondage a révélé que 84 % des Canadiens soutiennent les mesures prises par les fournisseurs de services Internet (FSI) pour bloquer des sites Web à l’origine de cyberattaques, mais une moitié d’entre eux conviennent également que ce devrait être un dernier recours.  

Ceci rejoint la position de l’ACEI.  La cybersécurité est un élément clé de notre mission, ce pour quoi nous offrons gratuitement notre service Bouclier canadien pour protéger les Canadiens contre les cyberattaques.  Dans nos observations soumises au CRTC, nous suggérons que les FSI continuent de bloquer le trafic contribuant aux cyberattaques, mais ce dans le cadre d’un système qui prévoie une surveillance indépendante.   Nous croyons en un juste milieu entre la protection des utilisateurs et celle de la liberté d’expression. 

Nous nous sentons aussi interpellés par les utilisations malveillantes des réseaux sociaux, car nous entendons des échos angoissants de violence et de propos haineux en ligne. Alors qu’Ottawa envisage d’établir de nouvelles règles pour encadrer les médias sociaux, 79 % des répondants à notre sondage sont favorables à ce que les plateformes suppriment le contenu illégal ou nuisible dans les 24 heures suivant son signalement.  Parallèlement, 62 % des répondants craignent que cela n’entraîne la suppression de discours légitimes et légaux.   Les utilisateurs réclament des mesures concrètes tout en mettant le gouvernement en garde contre une approche trop brute qui pourrait avoir des conséquences inattendues.

Notre enquête révèle que 88 % des Canadiens estiment que la propagation de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux est un problème, alors même que les organes de presse sont confrontés à des enjeux économiques vitaux.  Une majorité (58 %) de Canadiens sont en faveur d’un nouveau financement des nouvelles, mais seulement 52 % sont favorables à l’idée d’obliger les plateformes de médias sociaux à payer les éditeurs de nouvelles pour publier des liens vers leur contenu, et autant sont favorables à l’idée d’obliger les plateformes à percevoir les taxes de vente pour financer les nouvelles à partir des recettes générales. 

Alors que le gouvernement fait face aux critiques sur les implications du projet de loi C-10 et sa tentative de réglementer les services de diffusion en continu, il devrait prendre en compte que 59 % des Canadiens sont en faveur d’une action visant à stimuler la création de contenu canadien, le soutien le plus marqué allant à l’idée que Netflix et compagnie devraient percevoir les taxes de vente, et qu’une partie de cet argent soit redirigé vers le contenu canadien.

En tant que gardienne du domaine .CA, l’ACEI défend les besoins de tous les internautes canadiens, en faisant la promotion d’un Internet digne de confiance.  Le rapport Attitudes des Canadiens sur les enjeux relatifs à l’Internet nous indique que la confiance menace de s’effriter.  Les Canadiens attendent des législateurs qu’ils travaillent à la rétablir.

À propos de l’auteur
Byron Holland

Byron Holland (MBA, ICD.D) est président et chef de la direction de CIRA, l’organisme national à but non lucratif mieux connu pour sa gestion du domaine .CA et pour l’élaboration de nouveaux services de cybersécurité, de registre et de DNS.

Byron est un expert de la gouvernance de l’Internet et un entrepreneur aguerri. Sous l’égide de Byron, CIRA est devenue un des principaux ccTLD au monde en gérant plus de 3 millions de domaines. Au cours de la dernière décennie, il a représenté CIRA à l’échelle internationale et occupé de nombreux postes de dirigeant au sein de l’ICANN. Il siège présentement sur le conseil d’administration de TORIX en plus d’être membre du comité des mises en candidature de l’ARIN. Il habite à Ottawa en compagnie de son épouse, de leurs deux fils et de Marley, leur berger australien.

Les opinions partagées sur ce blogue sont celles de Byron sur des enjeux qui touchent l’Internet et ne représentent pas nécessairement celles de l’entreprise.

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