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Les démarches du Collège de l’Arctique du Nunavut pour combler le fossé numérique dans cinq communautés éloignées

Par Caitlin Sears
Coordinatrice des subventions

Jennifer Lane comprend très bien les problèmes d’accès à Internet auxquels sont confrontées les communautés du Nord. Son rôle en tant que conseillère stratégique en technologies de l’information au Collège de l’Arctique du Nunavut (CAN) la place en première loge quant aux frustrations ressenties par les enseignant·e·s et des étudiant·e·s.

La mission du collège est d’offrir des programmes d’éducation et de formation accessibles, pertinents et de haute qualité, tout en jouant un rôle essentiel dans le soutien du développement social, culturel et économique des communautés du Nunavut.

Photo: https://nunatsiaq.com/stories/article/new-high-speed-network-coming-to-nunavut-arctic-college/

Comme c’est le cas pour de nombreux territoires éloignés partout au Canada, où vivent des communautés nordiques et autochtones, le vaste terrain accidenté du Nunavut – qui est d’une beauté singulière – rend difficile la pose de câbles et la construction de l’infrastructure nécessaire. Les coûts d’installation initiaux élevés et les frais d’entretien permanents rendent le service Internet inabordable pour de nombreuses communautés, sans compter la vitesse très lente de transmission de données, un autre facteur frustrant. Le CAN a dû distribuer des clés Internet mobiles aux étudiant·e·s et aux enseignant·e·s pour leur permettre d’établir une connexion au réseau. La vitesse tourne en général autour de 5/1 Mbit/s, ce qui fait en sorte que tout travail scolaire en ligne est presque impossible.

Cela a amené Jennifer à faire le premier grand pas pour changer la situation. Elle a, avec succès, fait pression pour que le CAN se joigne au Réseau national de la recherche et de l’éducation (RNRE), un réseau satellitaire haute vitesse qui relie les chercheur·e·s et les éducateur·trice·s aux bases de données, aux outils de recherche, à la technologie et aux collègues un peu partout dans le monde. De toutes les provinces et de tous les territoires, le Nunavut a été bon dernier à se joindre au réseau.

« Il faut un accès Internet haute vitesse pour se joindre au réseau du RNRE et, avant l’entrée en jeu de la technologie LEO (Low-Earth Orbit ou Orbite terrestre basse) dans le Nord, l’accès haute vitesse n’était tout simplement pas faisable », a expliqué Jennifer.

Cette situation est venue soulever un nouveau problème auquel Jennifer et le CAN devaient s’attaquer. Le déploiement et l’entretien du réseau entraînent des coûts élevés. « Il faut compter environ 1,5 million de dollars par année rien que pour la bande passante et les services gérés pour le réseau, sans parler du coût des points d’accès sans fil. Nous avions du mal à faire face aux coûts exorbitants de mise en œuvre », a-t-elle déclaré. Sans connectivité sans fil, elle savait que le nouveau réseau n’aurait que peu d’intérêt pour les étudiant·e·s et les enseignant·e·s s’ils·elles ne pouvaient pas connecter leurs ordinateurs portables et leurs tableaux SMART en passant par Wi-Fi.

Alors que le gouvernement fédéral s’engage à connecter 98 % des Canadien·ne·s au réseau Internet haute vitesse d’ici 2026 et 100 % des Canadien·ne·s d’ici 2030, les besoins des communautés nordiques, rurales et autochtones ne sont pas entièrement ou suffisamment satisfaits par le gouvernement et les principaux·ales fournisseur·euse·s de télécommunications à l’heure actuelle, ce qui laisse de nombreuses communautés dans la nécessité de résoudre leurs problèmes d’accès par elles-mêmes.

C’est là qu’interviennent les subventions Net Good de CIRA. CIRA reconnaît que la mise à disposition d’une infrastructure Internet suffisante à l’échelle des communautés est le point de départ de l’équité numérique. En fait, 68 % des projets financés par CIRA en 2023 se concentrent sur le service aux communautés autochtones, et 43 % sont des projets d’infrastructure.

Jennifer a demandé une subvention auprès de CIRA pour financer le déploiement d’une infrastructure sans fil LEO sur le campus dans cinq communautés éloignées : Rankin Inlet, Iqaluit, Cambridge Bay, Clyde River et Arviat.

« Le financement des points d’accès sans fil dans le cadre de la mise en œuvre du réseau dans on ensemble, grâce à une subvention de CIRA, était très judicieux, car cela nous permet d’étendre la connectivité et de la rendre accessible à tous·toutes nos chercheur·e·s et éducateur·trice·s. Alors, nous sommes très enthousiastes à ce sujet », a déclaré Jennifer.

Tous les bâtiments d’Iqaluit disposent désormais d’une connectivité gratuite sans fil, mise en place par Internet Galaxy Broadband, prestataire d’accès Internet, basée en Ontario, offrant des vitesses ultrarapides de 200 à 500/50 Mbit/s.

Le collège vient de célébrer le lancement de sa nouvelle connectivité au campus d’Iqaluit. La cérémonie d’inauguration s’est déroulée le 22 août, à laquelle ont assisté des représentant·e·s du ministère, le conseil d’administration du CAN et autres intervenant·e·s. « C’est ce jour-là que nous pouvions distribuer les identifiants de réseau pour la première fois et demander aux étudiant·e·s et aux enseignant·e·s de se connecter », a déclaré Jennifer à propos de l’événement. « Jamais auparavant, nous n’aurions pu réunir dans une même pièce 60 personnes qui se connectaient au Wi-Fi en même temps. On entendait des « waouh » de toutes parts. C’était absolument incroyable. »

La présidente du CAN, Rebecca Mearns, lors de la cérémonie d'inauguration. Avec l'aimable autorisation de Jennifer Lane.

C’est un excellent début d’année scolaire pour les étudiant·e·s et les membres du personnel sur le campus d’Iqaluit. La connexion tient debout même par temps pluvieux, ce qui, avant l’installation du nouveau réseau, aurait été synonyme de faibles débits. « La principale réaction que j’ai entendue jusqu’à présent, c’est que les gens n’en reviennent pas qu’ils sont capables de terminer un appel sans interruption », a déclaré Jennifer.

Maintenant que le CAN fait partie d’un réseau mondial de plus de 100 réseaux nationaux de la recherche et de l’éducation dans le monde, Jennifer prévoit d’étendre la connectivité aux 25 communautés du Nunavut d’ici la fin de l’année prochaine et espère faire une autre demande de subventions auprès de CIRA à l’avenir. L’objectif ultime du projet est de faciliter le développement à long terme de ces communautés mal desservies et de contribuer à leur durabilité globale et à leur croissance économique.

« Les chercheur·e·s, les éducateur·trice·s et les innovateur·trice·s du Nunavut ont désormais la capacité de se connecter au réseau, quel que soit leur emplacement, et de partager des informations, des outils et des recherches qui permettront de tisser des partenariats et de faire progresser les possibilités d’éducation », a déclaré Jennifer. « C’est une étape passionnante pour les chercheur·e·s et les enseignant·e·s au Canada. »

CIRA finance des projets Internet menés par la communauté dans trois domaines : infrastructure, sécurité en ligne et engagement politique. La période de demande pour le prochain cycle de financement débutera en mars 2024.

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À propos de l’auteur
Caitlin Sears

Caitlin fait partie de l’équipe Net Good de CIRA en tant que coordinatrice des subventions. Elle a travaillé dans le secteur caritatif et se passionne pour le financement de l’équité numérique.

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