Quand vous pensez à la préparation et à l’intervention d’urgence, c’est probablement la survie qui vous vient en tête ― nourriture, eau, hébergement. Mais Internet vous vient-il à l’esprit?
Quand vous pensez à la préparation et à l’intervention d’urgence, c’est probablement la survie qui vous vient en tête ― nourriture, eau, hébergement. Mais Internet vous vient-il à l’esprit? Selon l’un des principaux intervenants en cas d’urgence de la Société canadienne de la Croix-Rouge, Internet est un outil vital pour l’aide aux survivantes et aux survivants et l’accélération du rétablissement.
« La communication par les voies numériques est essentielle aux travaux de la Société canadienne de la Croix-Rouge, affirme Ange Sawh, conseillère principale en rétablissement à son service luttant contre des feux de friche en C.-B. Les équipes de la Croix-Rouge travaillent jour et nuit pour traiter les inscriptions en ligne des personnes évacuées, veiller aux transferts de fonds électroniques, actualiser croixrouge.ca et répondre aux milliers de demandes parvenant sur nos plateformes de médias sociaux. Vu la fréquence et l’ampleur des désastres à la hausse au Canada, notre système de réponse a dû s’adapter à la gestion d’un plus grand nombre de personnes touchées. Nos systèmes d’acquisition des données doivent suffire à traiter la large bande des inscriptions entrantes. »
Que faire si une catastrophe provoque un bris du matériel Internet d’une communauté?
Les points d’échange Internet (IXP) participent au maintien en fonction de ce cordage de sécurité qu’est Internet. Lorsque des services municipaux, des FSI et des fournisseurs de contenu, par exemple les intervenants d’urgence et ceux qui offrent des façons de rester en lien (p. ex., Facebook), se connectent à un IXP, les gens peuvent tout de même accéder à l’information dont ils ont besoin, même si Internet est touché par une catastrophe.
Mme Sawh souligne que les interventions après désastre deviennent plus fiables en matière de services techniques lorsqu’il faut joindre les gens évacués, et que le besoin de vitesse de transmission des données dans le système est de première importance. Un IXP est en mesure d’assurer la disponibilité de la vitesse et de la largeur de bande, puisque ceux qui y pratiquent l’appairage sont en mesure de communiquer entre eux et de se transmettre des données directement. « Si Internet défaille, un IXP permet le maintien d’une approche numérique. Essentiellement, la population concernée ne devrait pas être privée d’aide d’urgence parce qu’Internet ne fonctionne pas. »
En l’absence d’Internet par suite d’un désastre ou d’une surcharge du système, les organismes tels que la Société canadienne de la Croix-Rouge doivent concrétiser plus rapidement leur présence physique et mobiliser bien plus d’effectifs. Pour ce faire, il faut mettre sur pied plus de centres des inscriptions, recruter des gens pour répondre à des milliers plutôt qu’à des centaines d’appels et instaurer des mesures de sécurité pour empêcher la fraude et protéger les personnes évacuées. L’absence d’Internet peut aussi empêcher la réception immédiate d’aide financière, par rapport à son obtention plusieurs jours plus tard, voire des semaines après.
Aussi, n’oublions pas la valeur ajoutée que constitue Internet pour le bien-être psychologique des survivantes et des survivants.
« Aujourd’hui, à l’heure des médias sociaux, les gens passent beaucoup de temps à discuter, à échanger et à consulter l’actualité sur le Web, reprend Mme Sawh. Ils cherchent les renseignements sur les soutiens d’urgence et se rendent en ligne pour trouver les membres de leur famille et prendre contact avec eux. Une panne d’Internet augmente le traumatisme et le stress vécus par les familles. »
En situation d’urgence, les réponses numériques ne remplacent pas les réponses physiques, mais il s’agit d’une bonne part du soutien reçu par la population canadienne après une catastrophe, particulièrement vu l’ampleur et la fréquence croissantes des situations d’urgence.
Dans cet esprit, il est clair que les IXP doivent figurer dans tout plan municipal de préparation à l’urgence. Tout le monde participant à une intervention doit en savoir plus sur les IXP et pratiquer l’appairage à l’un des 11 IXP au Canada. Et de mon point de vue, le Canada n’aura jamais trop d’IXP. Plus il y en aura, plus l’Internet canadien résistera aux catastrophes, naturelles ou non.
En tant qu’expert de la conception de solutions de pointe en matière de TI, Jacques a établi CIRA à titre de leader mondial parmi les registres de domaines (ccTLD). Il possède plus de 25 ans d’expérience dans les secteurs privé et sans but lucratif et, à titre de dirigeant principal des technologies à CIRA, il dirige actuellement les Labos, plaque tournante de l’innovation à CIRA, et assure le leadership et la direction de la gestion et de la sécurité du registre .CA et de son DNS sous-jacent.
Visionnaire de la communauté d’Internet, Jacques a dirigé l’élaboration du test de performance Internet de CIRA, est un ardent défenseur de l’adoption de l’IPv6 et représente le registre .CA sur le plan international en qualité de membre de divers groupes de travail et groupes consultatifs. Il participe à l’élaboration d’une nouvelle architecture canadienne d’Internet. Il a agi comme catalyseur pour la création d’une association nationale canadienne des IXP, CA-IX, et il siège au conseil d’administration du Manitoba Internet Exchange (MBIX) et du DNS-OARC. Jacques siège aussi au comité consultatif pour la sécurité et la stabilité de l’ICANN.
Jacques est diplômé à titre de technologue en génie électronique après des études au Collègue Algonquin. Il a également suivi avec succès les formations certifiantes ITIL (v3) Foundation et Agile ScrumMaster.
